La couleur des souvenirs

Napolitain installé en France, Fabio Marra explore dans le sillage d’Eduardo de Filippo des histoires où s’entremêlent gravité et fantaisie, profondeur psychologique et portrait social. Portrait familial aussi, explorant des relations en crise qui souvent obligent à faire face aux douleurs de l’enfance.
La couleur des souvenirs confronte un frère et une sœur meurtris par la perte prématurée de leur mère. Peu soutenu par le père, Vittorio vit dans le souvenir de sa mère perdue ; peintre faussaire dédié à son art, il est contraint par une maladie qui entraîne une perte progressive de la vue à se rapprocher de sa sœur Clara.
Portée par une dynamique qui évite toute simplification ou naïveté, la partition est traversée par de lancinantes questions qui structurent et nourrissent la narration : « à quel point les conséquences d’un événement regrettable peuvent-elles conditionner notre avenir ? » « Comment réussir à se pardonner ? » D’excellents comédiens mettent en jeu des situations d’une touchante humanité, qui interrogent et entrelacent les sujets de la norme, la mémoire, l’injustice, la quête d’apaisement.
Sans effet de facilité, la pièce exprime toutes les nuances et les contradictions d’une crise familiale où le regard et le jugement de l’autre importent considérablement, pour finalement ouvrir d’inédites perspectives.