¡ ESPAÑA !

Dès la fin du xixe siècle, la péninsule ibérique, sa culture populaire et ses atmosphères à la fois dures et chaleureuses fascinent, et en premier lieu les compositeurs qui y trouvent une nouvelle source d’inspiration, jusqu’en Russie : en 1889, Rimski-Korsakov puise dans un recueil de mélodies populaires espagnoles le matériau de son Capriccio d’abord conçu comme une pièce pour violon et orchestre.

Avec l’Alborada del Gracioso (L’Aubade du bouffon) Ravel tourne encore (c’est un tropisme avec ses origines ibériques !) ses regards vers l’Espagne, dans une frénésie orchestrale grinçante où pointe, dans la lumière aveuglante des plaines brûlantes qui tournaient déjà la tête de Don Quichotte, la sensualité douloureuse du bouffon moqué par sa dulcinée. A cette époque l’Espagne imprègne à ce point la vie musicale française que c’est à Paris que les compositeurs espagnols viennent découvrir leur propre musique : De Falla, d’abord, qui y trouvera un art impressionniste de s’emparer de son propre patrimoine musical. Ce Tricorne, écrit en 1919 pour les Ballets Russes est un concentré burlesque et irrésistible des couleurs et parfums de sa terre natale.

Plus tard, c’est dans la capitale française que Rodrigo viendra lui aussi chercher l’art et la manière de faire sonner l’Espagne : son Concerto d’Aranjuez naît à son retour de France et entend célébrer, à l’heure où son pays se relève de la guerre civile, la mémoire du grand Siècle d’Or espagnol.