Un instant

À la recherche du temps perdu est une cathédrale de la littérature mondiale. Des milliers de pages de roman, des phrases vastes comme des villes, où se perdre. Jean Bellorini en a extrait quelques passages, ayant trait notamment au temps, à la mémoire. Il les croise avec le récit d’une vieille dame d’origine vietnamienne, réfugiée enfant avec sa famille en Bourgogne dans les années cinquante. Ce tissage entre la mémoire défaillante de cette dame et les extraits du texte de Proust portés par un jeune comédien crée un dialogue extrêmement émouvant, qui prend place dans l’écrin d’une scénographie magnifique. De quoi se souvient-on ?  De la réalité, ou de la transposition/transformation de nos fantasmes ? Le vrai est-il lié au hasard, et la mémoire est-elle un processus involontaire ? Mémoire, imagination, familiarité se mélangent dans les récits de vie. Bellorini convoque le Proust qui cherche le sens de la vie, loin des frasques du dandy mondain. Il pose sur le plateau une atmosphère magique et mystérieuse, traversée par deux comédiens accompagnés par les notes douces d’un guitariste.