Les Sea Girls, au pouvoir !

Confier le gouvernement de la cité aux femmes, avec comme principe directeur le partage égalitaire des richesses et la communauté des biens, soit «  une vie commune, la même pour tous ». Tel est le projet dépeint dans l’ironique comédie L’Assemblée des femmesd’Aristophane, qui fustigeait la fragilité des institutions politiques de l’époque. Les femmes s’y déguisent en hommes. Un programme révolutionnaire qui a inspiré les épatantes Sea Girls, précédemment applaudies à la Comédie de Picardie.

Avec humour et aplomb, elles s’adressent à l’Assemblée supposée féminine des spectateurs, car c’est avec leur complicité active qu’elles entendent à leur tour faire naître un monde meilleur. Au-delà du message clair et de la prise de conscience escomptée, c’est surtout une expérience singulière qui est proposée au public, «  pris à parti, cajolé, pour être mieux secoué ». Une expérience intrigante, inventive, où les Sea Girls laissent libre cours à leurs talents de chanteuses, musiciennes et comédiennes.

Malgré le joug des oppressions, leur tentative de transformation radicale demeure enjouée, impeccablement rythmée par la musique de Fred Pallem, qui se délecte du livret revendicatif concocté par Prunella Rivière.

Metteur en scène adepte de trouvailles visuelles toujours pertinentes, Johanny Bert participe à cette vaste entreprise de revitalisation de nos neurones et de nos oreilles.