Le silence et la peur

La vie de Nina Simone est une traversée terrible et sublime, une épopée de 70 ans qui se termine dans une solitude presque totale, en France en 2003. C’est à la fois l’histoire d’une quête intime éperdue pour la reconnaissance et celle d’une lutte politique vitale qui résonne aujourd’hui encore aux États-Unis certes, mais aussi en France. Artiste majeure de son siècle, Nina Simone fut l’une des voix du mouvement afro-américain de lutte pour les droits civiques aux côté de Martin Luther King, James Baldwin et Stokely Carmichael. Raconter son histoire, c’est revenir sur quatre siècles d’histoire coloniale et interroger notre héritage occidental contemporain.

Raconter l’intimité de Nina Simone est une tentative de lire une part des cicatrices et des combats de l’Histoire à travers la vie d’un individu, en donnant à voir ce que la peur peut faire taire. Pour cela, David Geselson a collaboré avec des protagonistes héritiers des deux histoires, européenne et américaine, pour tenter de reconstruire au delà des cicatrices laissées par le passé, un lieu commun : celui d’un théâtre qui fait revivre les morts pour construire un lien entre les vivants.