La crèche

 Après une absence de cinq ans pour congé parental, Yasmina revient à la crèche Bicarelle dont elle est directrice adjointe. Elle porte un voile islamique très couvrant qu’elle refuse de retirer à l’intérieur de l’établissement, à l’encontre du règlement de la crèche. La directrice Fransisca la congédie. S’estimant victime de discrimination, Yasmina porte plainte. C’est le début d’un conflit qui va prendre à partie tous les habitants du quartier. Peu à peu, toutes les tendances de la société s’invitent dans le débat. Inspiré de la fameuse affaire de la crèche "baby-loup", voilà un spectacle qui réunit sur le papier tous les ingrédients de la catastrophe. Et pourtant, cette crèche se révèle très vite une réussite passionnante qui vient déjouer tous les clichés. François Hien, qui s’illustra dans le documentaire, redonne à chacun sa voix par la fiction. Ce n’est pas la grande histoire qui l’intéresse, il ne veut rien résoudre et surtout pas prendre les événements de haut. À partir d’un long travail d’enquête qui donna lieu à un livre, il réussit à donner corps aux histoires individuelles prises dans leur propre logique. Sans jugement et avec une grande empathie, il donne à voir comment chacun tente de faire face avec ses convictions, ses contradictions, ses fragilités et, au-delà la dynamique interne des conflits, de la genèse des malentendus jusqu’à l’envenimement des échanges et des relations. En compagnie d’Arthur Fourcade qui cosigne la mise en scène, entouré d’un collectif d’acteurs tous formidables de vérité, il construit un théâtre qui n’aurait pas peur de se placer au milieu des affaires du monde. Confiant dans les mots pour dire les conflits de l’époque, confiant dans le goût de chacun pour comprendre ce qui nous déchire. Un théâtre qui ne lâche rien, politique au sens citoyen du terme, stimulant et surtout éclairant.