Kitchen Bazar

A la manière des enfants qui excellent dans l’art délicieux de transformer le banal en extraordinaire, ce quotidien est détourné pour ouvrir les portes de l’imaginaire, voire de l’absurde, et faire voyager le spectateur.

La relation complexe entre les deux protagonistes est un point central de la pièce : le renard est un fin stratège machiavélique, prêt à tout pour obtenir l’objet de sa convoitise ; tandis que le corbeau est rempli de naïveté, et se perd dans sa vanité démesurée. Les deux personnages, sur scène, sont tour à tour corbeau et renard : il n’y a ainsi ni bourreau ni victime, méchant ou gentil. La relation se construit plutôt dans un jeu de ping-pong permanent, de provocations multiples à chaque fois renversées et inversées, pour aboutir à une situation finalement équilibrée, où un terrain d’entente s’avère possible.

Dans un monde où l’apparence est, plus que jamais, mise en avant, séduire et plaire est un petit jeu, conscient ou non, auquel tout le monde se livre régulièrement. La reconnaissance est le Graal convoité, et la flatterie peut même devenir une astuce pour recevoir en retour de l’attention, de l’amour…

Toutes ces petites ruses et manipulations ordinaires, dans le huis clos d’une cuisine, sont développées de façon légère et ludique. Elles traduisent, au fond, des enjeux de récréation : convoiter ce que le camarade possède, être le plus malin pour arriver à ses fins, agir par en dessous, user de petits mensonges, pour le plaisir et la fierté de clamer Je t’ai bien eu!