Ce qui demeure

 Une jeune femme, la trentaine, déjeune chez une amie très chère aujourd’hui âgée de 93 ans. Elle interroge la mémoire, la construction de l’Histoire, bref ce qui demeure. Autour d’une salade de carottes râpées, Ce qui demeure comme l’histoire du XX e siècle vue à travers les regards croisés d’une jeune femme et d’une femme plus âgée. C’est tonique et drôle, une cure de jouvence. Élise Chatauret invente son théâtre au gré des rencontres qu’elle sait provo - quer ici ou là. À partir d’un sujet, ici dit très grossièrement la question du fé - minisme, elle enquête, encore que le terme soit sans doute un peu trop fort, trop dur pour rendre compte de toute la délicatesse dont elle fait preuve à l’occasion de ces échanges. Car la metteuse en scène sait prendre et donner le temps nécessaire à chacun pour faire le chemin jusqu’à la rencontre. Quand la possibilité même du dialogue semble remise en cause, Élise Chatau - ret place l’endroit de son travail au carrefour des personnes, là où chacun se sent en confiance pour oser laisser filer la parole vers l’autre, au croisement de la petite et de la grande histoire. Cela donne alors quelques-uns de ces moments de théâtre qui n’ont pas de prix.