Duo Janos, Hommage à César Franck

Les deux musiciennes joueront également la 1ère sonate de Brahms, également riche d'une extraordinaire architecture formelle et sonore.

Composée en 1886, la sonate pour violon et piano en La Majeur de César Franck est dédiée au violoniste virtuose Eugène Ysaïe. Ce grand violoniste, ayant reçu la sonate comme cadeau de mariage, la fit connaître à travers le monde. Le compositeur y manie avec brio la forme cyclique, tous les mouvements étant apparentés par un même matériau thématique, et une grande unité se dégage de l'œuvre. Le souffle romantique qui l’habite, voyageant de la douce contemplation à la jubilation, en explorant aussi longuement de sombres affects, est à ce point marquant qu’on identifie souvent César Franck à cette magnifique sonate.

C’est en 1879 que Johannes Brahms achève de composer la sonate n°1 op.78. Ce n’est pourtant pas la première fois que Brahms compose pour cette formation : on trouve en effet plusieurs allusions à des sonates pour violon et piano du compositeur dès 1853. Il y aurait eu au moins deux tentatives avant 1879, certaines pages ont malheureusement été perdues, ou détruites par Brahms lui-même, en impitoyable auto-critique. Il faut pourtant se réjouir de la réussite de ses trois sonates “officielles”. La première se dégage par son caractère tendre et nostalgique. L’intention cyclique est également présente ici, manipulée avec raffinement. Le dernier mouvement est une citation partielle de son “Regenlied” op.59 n°3, sur un poème de Klaus Groth : «Walle, Regen, walle nieder, / Wecke mir die Träume wieder, / Die ich in der Kindheit träumte» («Tombe, ô pluie, tombe et fais renaître mes rêves, ceux que je faisais dans mon enfance»); Brahms souligne ainsi le caractère lyrique du violon, tandis que la partie de piano imite le crépitement des gouttes de pluie.